Effets physiologiques des nanoparticules
Les conséquences sur la santé multiples. Les nanoparticules peuvent pénétrer dans des zones du corps normalement inaccessibles aux particules de plus grosse envergure. Elles « peuvent traverser des barrières comme celles des alvéoles pulmonaires, du cerveau (hémato-encéphalique) ou placentaire [24] ».
Les nanosilices se stockent dans le foie et les intestins, et passent au travers du tissu placentaire, se transmettant ainsi à l’enfant à naître. [25] Le dioxyde de titane que l’on trouve dans la crème solaire peut passer à travers la peau, arriver jusqu’au sang et voyager dans tout le corps, en cas d’application sur un coup de soleil, une blessure ou un bouton [26]. Pire, il crée des désordres cellulaires, abîme l’ADN, interfère « avec l’activité protectrice des cellules immunitaires en absorbant des fragments de bactéries et en les faisant passer « clandestinement » au travers du tractus gastro-intestinal, ce qui peut provoquer des inflammations. Une seule forte dose orale de particules de dioxyde de titane peut provoquer des lésions importantes des reins et du foie chez des souris femelles [27] ».
De plus, le dioxyde de titane devient cancérigène lorsqu’il est inhalé, et peut causer tout à la fois des lésions cérébrales, du système nerveux, ainsi qu’une diminution de la production de sperme. Il est à noter que les enfants en bas âge sont particulièrement exposés, compte tenu que les sucreries sont les produits qui contiennent le plus de dioxyde de titane. [28]
Le nanoargent a tendance à renforcer les bactéries, alors même qu’il est censé les éliminer. « Les bactéries réagissent au nanoargent, elles modifient leur paroi et deviennent, de ce fait, insensibles à un groupe d’antibiotique majeur, les bêta-lactames qui constituent 50 % des prescriptions antibiotiques [29] » (Asa Melhus).
Compte tenu de sa taille, le nanoargent passe à travers les barrières organiques et se dépose sur la surface extérieure des cellules. Il passe à travers le sang et se stocke dans le cerveau, les reins, la rate, la moelle osseuse et les tissus nerveux [30]. A haute dose, le nanoargent peut causer un empoisonnement du foie, ou d’autres organes [31].
Les nanotubes de carbone, quant à eux, « ne peuvent pas être évacués vers la lymphe par les macrophages qui font le travail d’ « éboueurs » au sein de la cellule. En effet, face à des aiguilles dont la longueur dépasse leur taille, ces derniers se trouvent débordés : la phagocytose (destruction cellulaire) ne permet plus d’éliminer les intrus ». [32] Ils libèrent des composants toxiques, génèrent des processus cancéreux et court-circuitent la division cellulaire. Les nanotubes de carbone multiparois posent les mêmes problèmes que l›amiante, substance qui s›infiltre également dans toutes les zones du corps [33].
Contrôles biaisés et rares
Bien entendu, les conséquences des nanoparticules sont tenus sous le sceau du secret par les industriels. [34] Ceux-ci vont même jusqu’à exclure les journalistes de leurs congrès. Ce silence a deux objectifs.
Premièrement, il s’agit d’éviter le rejet massif qui a eu court avec les OGM. Les industries produisant ou utilisant des nanoparticules veulent mettre les gens devant le fait accompli. Ils préfèrent que les populations s’habituent aux produits, afin qu’à l’avenir, elles ne puissent plus les rejeter [35]. Ensuite, l’industrie agro-alimentaire a peur de faire évaluer toutes les gammes de produits qui contiennent des nanoparticules [36], à cause de leur nombre, et du fait que certains de ces produits sont des produits-phares pour les entreprises : une remise en question de leurs produits principaux pourrait causer du tort à leur image et faire chuter les ventes. Ce qui n’est cependant pas prêt d’arriver, lorsque l’on sait qu’en 2008, le marché revenait à 500 milliards, et qu’en 2015, on l’estime de 2 à 3 mille milliards de dollars. [37]
Les nanomatériaux présentent des problèmes supplémentaires : les instances toxicologiques de contrôle de ces substances sont non seulement très minoritaires par rapport à la production (1 ou 2%), mais elles ont également totalement perdu leur indépendance. La plupart des chercheurs en toxicologie sont soutenus par l’État, mais sont tenus sous contrat avec des entreprises privées [38].
Pire : sous pression des industries qui les emploient, ceux-ci font passer à la trappe les études les plus alarmantes et les plus compromettantes [39]. Prenons en guise d’exemple le cas de l’IRNS, où les industriels qui financent cet institut, décident des études à réécrire, en vue d’écarter des rapports rendant public les cas de morts ou de maladies. [40]
Nous n’avons plus affaire à des chercheurs qui alertent et qui se portent garants de la santé publique, mais à des scientifiques qui dissimulent et qui minimisent les dangers des produits, lesquels sont à peine contrôlés. Ils confondent évaluation des risques et gestion économique du risque [41], privilégiant ainsi la croissance du capital des multinationales à la santé des populations.
Les Etats, quant à eux, soutiennent les producteurs de nanotechnologies, en leur versant des sommes astronomiques (1 milliard d’euro par an en France [42]). Cet argent va nourrir de nombreuses multinationales, alors qu’il pourrait servir aux dépenses publiques (qu’on réduit d’années en années…). C’est le monde à l’envers : on choisit en somme d’empoisonner à petits feux les citoyens plutôt que de soutenir les individus et les institutions dans le besoin. Mais au vu des sommes versées, les Etats ont besoin que le « progrès » des nanotechnologies et la fascination qu’elles suscitent continuent. Un scandale sanitaire causerait beaucoup trop de tort à l’économie et rendrait caduque les versements étatiques [43].
Au lieu de redresser le gouvernail nano, les politiques crient à tous vents que les inquiétudes au sujet des nanomatériaux relèvent d’une angoisse populaire irrationnelle. [44] Mais il est important de souligner que de telles déclarations sont dues à un jeu d’influence des entreprises privées, qui ne se gênent pas, par des procédés marketing aboutis cumulés au truquage des études, de véhiculer une image optimiste des nanotechnologies.
Références
[24] Dorothée Benoit Browaeys, Le Meilleur des nanomondes, op.cit., p. 32
[25] Les Amis de la Terre, « Petits ingrédients, gros risques, Les nanomatériaux envahissent rapidement notre alimentation et l’agriculture », op.cit., p. 10
[26] Roger Langlais, « Quand le nocif se fait nanométrique », op.cit., [46 : 18]
[27] Les Amis de la Terre, « Petits ingrédients, gros risques, Les nanomatériaux envahissent rapidement notre alimentation et l’agriculture », op.cit., p. 11
[28] Ibid., p. 11
[29] Dorothée Benoit Browaeys, Le Meilleur des nanomondes, op.cit., p. 98
[30] Les Amis de la Terre, « Petits ingrédients, gros risques, Les nanomatériaux envahissent rapidement notre alimentation et l’agriculture », op.cit., p. 10
[31] Dorothée Benoit Browaeys, Le Meilleur des nanomondes, op.cit., p. 70
[32] Ibid., p. 84
[33] Ibid., p. 84
[34] Ibid., p. 86
[35] Roger Langlais, « Quand le nocif se fait nanométrique » [26 : 10]
[36] Dorothée Benoit Browaeys, Le Meilleur des nanomondes, op.cit., p. 91
[37] Roger Langlais, « Quand le nocif se fait nanométrique », op.cit., [12 : 54]
[38] Ibid., [16 : 05]
[39] Ibid., [16 : 20]
[40] Ibid., [18 : 11]
[41] Ibid., [19 : 30]
[42] Ibid., [15 : 05]
[43] Ibid., [13 : 06]
[44] Ibid., [26 : 10]