KUNSTHAUS STORIES
DISCOURS
20.09.2025 | 10h08
Bonjour à toutes et à tous,
En ce 20 septembre 2025, j’ai l’honneur de vous recevoir pour une intervention Secret de Sucre qui aura lieu dans l’exposition Bührle proposée par le Kunsthaus de Zurich.
Ce musée, contre toute attente, m’a donné l’autorisation pour réaliser cette intervention entre ses murs.
On aurait pu croire que le Kunsthaus de Zurich se serait senti refroidi par la teneur critique de mes propos, mais il n’en est rien.
Certes, par mes positionnements, je dédramatise la figure d’Emil Bührle, et ce simple fait aurait pu expliquer que le Kunsthaus accepte mon intervention.
Mais je pense sincèrement que ce musée, leurs employés, et plus particulièrement Ann Demeester, sa directrice, sont courageux.
Ann Demeester est typiquement une actrice du monde de l’art qui sait composer avec le monde des affaires sans pour autant s’y soumettre.
Le Kunsthaus est majoritairement financé par des individus qui ne seraient aucunement d’accord avec mes idées, et pourtant, ce musée permet en ce jour une intervention subversive et critique.
Cela prouve que le Kunsthaus est un musée composite, qui sait plaire aux élites tout en écoutant les artistes et le peuple.
Je suis extrêmement reconnaissante à cette institution de me laisser la parole.
Je ne représente aucun intérêt financier, je n’investis pas dans le Kunsthaus, et pourtant l’on me laisse officiellement m’exprimer.
Qui suis-je pour parler ?
Je suis Nathalie Duc, une artiste conceptuelle qui s’évertue à comprendre et à analyser la société.
Si l’on s’en tient aux problèmes actuels que traversent nos sociétés, ils ne sont guère plus joyeux que ceux qui marquaient l’époque de Bührle.
Guerre, inflation, contrôle, répression…
Le totalitarisme d’antan avait des caractéristiques communes avec notre temps.
Même si les stratégies ne sont pas les mêmes, il est toujours des individus ou des groupes qui s’essaient à une forme de dominance mondiale.
Je ne suis pas spécifiquement là aujourd’hui pour en parler mais je pose tout de même la question :
Que pouvons-nous faire pour empêcher une nouvelle forme de totalitarisme de se développer ?
Les gens qui nous gouvernent n’utilisent plus des boucs-émissaires basés sur la religion, comme les Nazis l’ont fait avec les Juifs.
Les totalitaires en puissance sont bien cachés dans leurs forteresses offshore et méprisent les foules.
Ils utilisent leurs sucs, la sueur de leurs fronts, pour s’empiffrer dans leurs châteaux de sucre.
Dans le cadre des Kunsthaus Stories, j’ai donc bifurqué, à partir de la figure d’Emil Bührle, vers les paradis de saccarose où tous les secrets des truants de tous rangs sont bien gardés.
J’ai étudié les élites contemporaines et j’ai appris comment certaines d’entre elles pratiquaient le blanchiment d’argent et l’évasion fiscale.
C’est pourquoi je dis :
Cessez de cracher sur des fantômes comme Bührle et analysez les gens bien réels qui vous assujettissent, en vous promettant argent et réussite, ou pour les pauvres une simple misérable retraite.
Je suis donc honorée de vous présenter le résultat de mon travail d’enquête, sous la forme de cette intervention Secret de Sucre.
Conformément à ce projet, je vous demanderai de ne pas prendre de photographies ou de vidéos de l’intervention.
L’audio est par contre autorisé.
Je vous demande également de rien dégrader.
Des possibilités d’interaction vous seront offertes, mais je vous demanderais de ne rien faire en dehors de la Salle du Futur où se passe l’intervention.
Vous pouvez visiter tout le musée mais n’interagissez que cette salle, merci beaucoup.
Je vous invite donc à entrer au Kunsthaus.
Merci beaucoup pour votre présence et bonne expérience à vous !
SPEECH
Good morning, everyone,
Thank you for being here on this significant day. I am deeply honored to welcome you to the Kunsthaus Zurich for this « Secret de Sucre » intervention, taking place within the Emil Bührle exhibition.
Frankly, I am surprised to be standing here. One might expect an institution like the Kunsthaus to shy away from the critical perspective I represent—especially since my work does not celebrate, but rather questions, the legacy of Emil Bührle.
And yet, they welcomed this intervention. This speaks volumes. It tells me that the Kunsthaus, its team, and particularly its director, Ann Demeester, possess a genuine courage. Ann Demeester is a leader in the art world who understands how to engage with the private sector without being subservient to it.
Consider the context: this museum is largely funded by patrons who would likely disagree with my views. And yet, it has chosen to platform a subversive voice. This is the mark of a truly multifaceted institution—one that can cater to the elite while still listening to artists and the public. For that trust, I am extremely grateful.
I have no financial interest, I do not invest in the Kunsthaus, and yet I am officially allowed to express myself.
So, who am I to speak? My name is Nathalie Duc. I am a conceptual artist, and my work is an attempt to understand the mechanics of our society.
If we look at the current problems facing our societies—war, inflation, control, repression—they feel earily familiar. The totalitarianism of Bührle’s era may have worn a different mask, but the desire for dominance remains. Certain individuals and groups still seek global control, though their strategies have evolved.
I am not specifically here today to talk about this, but I would still like to ask the question:
What can we do to prevent a new form of totalitarianism from developing?
The individuals who govern us no longer need religious scapegoats, as the Nazis did. Today’s potential totalitarians are hidden away in offshore fortresses, leveraging our labor to build their sugar-coated castles.
This brings me to the heart of « Kunsthaus Stories. » My investigation has led me from the figure of Bührle to the modern « sucrose paradises »—the secretive havens where the powerful launder money and evade accountability.
So, I say to you: stop fixating on historical ghosts, such as Emil Bührle. Instead, turn a critical eye to the very real, contemporary figures who subjugate us, with promises of wealth and success — or, for most, the mere hope of a meager retirement.
Today, I am honored to present the findings of this investigation.
Before we begin, I have a few requests:
- Please, no photographs or video recording. Audio recording is permitted.
- Please do not damage any part of the exhibition.
- The intervention includes opportunities for interaction, but these are designed exclusively for the « Room of the Future. » Please participate only within that space. You are, of course, free to visit the rest of the museum.
Thank you for your understanding.
Now, I invite you to enter the Kunsthaus. Thank you again for your presence. Please, enjoy the experience.