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Civiliziaques

A ces mots derniers, un sourire en coin se dessine sur le visage de Drézil, qui devient fort joyeux en lui-même. « Le vent tourne », se dit-il, « autant de cette aubaine profiter, à l’instant ! ». Il se lance :
– Cet homme doit probablement de rêves prémonitoires être l’écueil.
Deux grands yeux étonnés le regardent : Haashal, qui n’avait jamais reçu le moindre compliment, est aux anges. Il s’empresse de dire :
– Phais phromesshe qhe tuh meh dhonneras chette bhaieh, het jeh teh libhèreh, Héthranger !
– Haashal, qhue dhis-tuh ? Haashal, phoint tuh neh dhois !
Solennellement, Drézil le Vieux promet qu’il lui donnera la baie, s’il le libère.
Les sangles s’ouvrent en l’espace d’une seconde même, laissant le temps à Drézil de prendre dans son Sac-Sans-Fond la Harpe de la Mansuétude. Une vague de paix déferle dans la pièce. Aussi étrangement que cela puisse être, Hyrih semblait, tout le long de la mélopée, être en extase.
– Qhuelle mushiqueh, dit-elle, qhuelle mushiqueh.
Le vieillard allait s’éclipser, quand Haashal dit :
– Mha bhaieh, tuh m’has phromis une bhaieh !
– Un instant, Haashal, un instant.
– Mha bhhhhaaaaaiiiiieeeehhhh…
Drézil sort la pochette contenant les Baies, en donne une à son sauveteur, et range l’étui dans le Sac.
– Shois ghrachié hen mhon nhom, Dhrézhil l’Héthranger. Jeh phuis dhevhenir thon ghuide. Haccepteh-leh si che dhésir tuh has, mhais shache qhue thouthe l’hentièreté deh mhon honhneur hici she jhoueh…
– Si tel est ton vœu, Haashal, mon guide tu seras.
Sortie de sa transe, Hyrih s’adresse à Jhirah :
– Hallons-nhous lhaisser hainshi l’Héthranger she phaire l’himpasshe deh nhotre chourroux ?
A en voir l’hésitation de Jhirah, l’idée fuse et claque en l’esprit du vieil homme. Il brandit son Sifflet de Suggestion, qu’il habite de son souffle à foison, et le retire dans son Sac-Sans-Fond, l’espace d’un instant.
– Ouih, lhaisshons-leh phartir. Ilh n’ha phoint hété mhauvais hen nhotre chompagnie, dit Jhirah, sans percevoir un instant qu’elle avait été de toute pièce manipulée par le Sifflet de Drézil.
– Dhans che chas, Dhrézhil leh Vhieux hest déshormaish lhibre deh shes mhouvements, et Haashal hest chi-nhommé shon ghuide !
Pour parfaire l’ironie de la situation, Drézil se met à jouer de sa Harpe, laissant la pauvre Hyrih en pleurs de joie, tant cette dernière se trouve touchée, et ce, de plein fouet par cet Objet, dont l’ambivalence ne cessera de se révéler au gré des Possibles.

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