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Civiliziaques

Il manque de tomber de l’échelle, tant il semble foudroyé par la panique.
– Tiens, prends ma main ! Que se passe-t-il Haashal ?
– Lah phemhme… La phemhme… oh non, jeh meh rhapphelle. Jeh meh rhapphelle ! Ahhhhhhhhhh !
– Haashal, ce n’est qu’un rêve. Cramponne-toi à l’échelle, nous sommes bien en haut monté jusqu’au bout…
– La phemhme, tuh dhois échouther. Lhorshque qu’hen thes chonthrées tuh rethournerhas…
Quelque peu inquiété par l’agitation de son guide, Drézil propose de changer de sujet :
– Et… tu as une maison ? Pouvons-nous nous y rendre ?
Haashal ne répond que par quelques signaux corporels, tressaillements et sursauts.
– Fort bien, nous irons où seuls tes pas savent.
Après quelques minutes d’ascension, les deux pairs se retrouvent devant une vue prenante, les pieds bien ancrés sur le haut de l’échafaudage. L’orange sable donne une impression de chaleur à cette cité de tissus patchwork mille fois recomposés.
Tout deux s’asseyent sur le bord de l’échafaudage, conversant quelque peu sous la lumière dorée.
Drézil, quelque peu dubitatif à l’idée que cet homme quelque peu simplet d’esprit puisse voir l’avenir dans ses rêves, revient avec une question nouvelle :
– Et tes rêves, les notes-tu ?
– Jeh neh shais phas héchrire.
– Comment diable cela se fait-il ?
– Tuh shais Dhrézhil, lhes Eshaeshs neh m’haimenht phas thanth.
– Quel rapport diantre cela a-t-il avec ton illettrisme ?
– Lhes hauthres m’hont thoujhours thraité mhal auh nhom deh mah bhêtishe…
– Que dis-tu donc, tu es loin d’être stupide !
– Chomme la chonnaissanche n’hest chonférée qu’haux phlus inthellighents d’hentre lehs Eshaeshi’s, jeh n’hen ai auchune.
– Mais… ta parole je ne comprends guère.
– Jeh shuis hun pheu chomme lhes Phormes… Jeh shuis bhête, mhais hutile.
– Pourquoi dis-tu que les Formes sont bêtes ? En voici une vilenie ! N’as-tu pas honte ?
Haashal regarde Drézil avec des gros yeux, puis lui rit au nez. A ce moment précis, le vieil homme comprend pourquoi les Eshaeshi’s considèrent son guide comme un nigaud, tant son rire est indélicat et grossier. Haashal semble ne pas vouloir cesser de rire, ce qui a pour effet d’agacer Drézil :
– Pourquoi ris-tu de la sorte ? Dis-le moi, car point n’est appréciable de se faire ricaner d’un tel rire…
– T’has-tu dhonc jhamais vhu deh Phormes ? Neh lhes has-tu dhonc jhamais hentendu pharlé ?
– En vérité, je te l’avoue… : Non, de la vie jamais, je n’ai vu de Formes.
Le bougre rit de plus belle.
– Dhrézhil l’Héthranger vheut-ilh vhoir dhes Phormes ? Dhrézhil l’Héthranger vheut-ilh vhoir dhes Phormes ?
– Cela est-il interdit ?
– Nhon, phoint. Sheulehment nhous dhevhons phrendhre hune hauthre thyrolihenne queh chelle-chi. Vhiens, mharche havec mhoi hà thravers che phetit phonton.
Le ponton en question semble fort peu solide, c’est pourquoi Drézil résiste à l’idée de l’emprunter.
– Tuh neh rhisquehs rhien. Vhiens !
S’élançant sur le premier échelon, Drézil regrette son geste. Il perd l’équilibre et se rattrape de peu ; la chute lui aurait coûté à coup sûr le flux vital. Il s’essaie donc, par plus de sécurité, à un déplacement accroupi. Ainsi, ce dernier parvient jusqu’à une tourelle rougeoyante, où se trouve une nouvelle tyrolienne.
– Havech chelle-ci, nhous hirons vhoir lhe Nhid dhes Phormes leh phlus phroche d’ichi. Dhrézhil leh Vhieux et Haashal leh Jheunhe vhont vhoir les Phormes, ah ah ! Phrends la thyrolienne aphrès mhoi, jeh t’hattends hen-bhas.
Sans s’attarder une seconde en supplément, Haashal saisit la tyrolienne et disparaît rapidement du champ de vision de Drézil. Lorsque la tyrolienne revient à lui, il hésite une seconde, pour ensuite s’élancer avec force. Le vieillard se dit en son for intérieur que ce Haashal allait bien lui être utile, pensée qui s’estompe soudainement lors du fracas de l’atterrissage.

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