– Un étranger ?
– Un étranger !
– Lustre cela fait que…
– Oui, cela fait longtemps.
– J’ai des frissons à l’idée de me remémorer.
– Oui, le dernier…
– Le dernier étranger était mauvais.
– Que nous veut celui-ci ?
– Que nous donc veut celui-ci ?
– Oui, que ce dernier nous veut-il ?
– Demandons.
– Oui, demandons.
– Mais restons sur nos gardes.
– Malheur, peut-être veut-il nous confier.
– Ecoutons ce qu’il a à dire.
Ouverture de deux fenêtres. Deux têtes casquées en sortent.
Elles demandent au vieillard la raison de sa venue, et lui somment de se présenter.
Le vieillard tousse, puis prend la parole :
– Civiliaziaques. Je me présente à vous en tant que dénommé Drézil. J’ai avec moi des Objets.
– Des Objets ? Il a des Objets ? Comment se fait-il ?
– Comment se fait-il ? Nul ne peut être possesseur d’Objets, exceptés nous.
– Exceptés nous. Inconcevable, nous ne croyons pas. Nous ne croyons pas, Etranger, que tu puisses être détenteur d’Objets.
– Je suis en connaissance de vos normes et lois, sans pour autant vous avoir de mon œil vu jusqu’alors. J’ai des Objets. Tâchez de les voir, je vous les montre !
Drézil sort de son Sac-Sans-Fond la Harpe, qu’il présente à leurs yeux.
– Voici la Harpe de la Mansuétude.
Stupeur apparente sur les visages gardiens des Civiliziaques présents derrière leurs barreaux de fenêtre.
– Etranger, à quoi sert cette Harpe, si tenté que tu saches jouer quelques airs sur ses cordes blafardes ?
– Cette Harpe apaise les colères les plus profondes et règle les conflits. Une seule mélodie et la paix revient d’entre les murs, calmant les rages et les maudites phrases de deux pairs en bagarre.
– Cet Objet n’est pas un mauvais Objet.
– Non, cet Objet est même bon !
– Comment se fait-il que tu sois en sa possession, Etranger ?
– Je vous conterai mon histoire, à condition que vous soyez hôtes de ma vieille personne.
– Non, nous voulons savoir !
– Nous devons savoir comment tu as eu cet Objet.
– Est-il en troc ?
– Viens-tu ici pour t’en séparer ?
– Non, point, je ne cherche pas spécifiquement à troquer. Cette Harpe m’a été donnée par mon Ancêtre.
– Ton Ancêtre ? Qui est ton Ancêtre et d’où vient-il ?
– Vous êtes bien curieux.
– Nous faisons notre travail.
– Nous sommes les gardiens de l’Hexagonisme.
– Oui, vous êtes les gardiens, et je suspecte que vous vous ennuyez depuis des lustres, c’est pourquoi je vous suggère de m’ouvrir le portail, afin de plus de converse. Je n’aime pas être au rebord de cette eau hallucinatoire, mon voyage fut des plus astreignants.
– Comment sait-il que nous nous ennuyons ?
– Oui c’est vrai Etranger, cela fait des années en trombe que nous n’avons plus vu d’étrangers.
– Voulez-vous que je vous fasse oeiller un autre Objet en mon avoir ?
– Oui, montre-nous un autre Objet. Mais nous voulons savoir d’où tu les as tiré, de quelles Formes…
– Je n’ai nullement et pour le moins jamais eu à traiter avec des Formes.
– Comment se fait-il que tu aies en ton avoir des Objets, si c’est le cas vrai ?
– Pour la simple et bonne raison qu’on me les a transmis. Je ne connais aucunement leur origine première.
– Tout ceci est fort troublant. Montre-nous un autre Objet en ton avoir, Etranger. Nous l’exigeons. Tu connais nos lois, dans ce cas, exécute-toi.
Le vieillard sort de son sac la paire de Dés.
– Chers gardiens, je fais monstration à votre œil de deux Objets fort précieux, formant un couple, car ils vont de pairs, comme vous, qui garder la forteresse. Voici les Dés d’Onyx.